La première réaction de celui qui vit un évènement qui le dérange, est une réaction qui se dirige vers l’extérieur de lui-même. Il reporte son attention sur les circonstances, ou sur les protagonistes liés à la situation, qui deviennent la cause du désagrément aux yeux de l’individu. En fait, nous accusons les éléments extérieurs à nous pour justifier notre mal être, petit ou grand. C’est bien là, la première réaction immédiate qui est liée à notre système émotionnel. Lorsque l’émotion est trop grande, nos capacités cognitives sont altérées, il nous est alors difficile de raisonner avec logique et discernement. C’est pourquoi il est tant ardu de dénouer certaines situations en lien avec des ressentis vifs et intenses. Ce n’est que lorsque la vague émotionnelle s’est atténuée, qu’il est alors possible d’entrevoir les prémices d’une compréhension qui pourra apporter de la lumière et un autre regard sur l’expérience.
Le moindre petit grain de sable qui vient nous déranger est aussi le signe, certes mineur, de quelque chose qui n’est pas fluide à l’intérieur de nous. Il représente en réalité la manifestation d’une problématique ancienne non résolue que nous avons oubliée ou minimisée avec le temps. C’est la partie visible de l’iceberg que nous négligeons en refusant de lui accorder de la considération. Cette négligence est souvent due au fait que nous ne faisons pas le lien avec ce que nous n’avons pas pacifié dans le passé, mais aussi parce que ce fameux grain de sable s’exprime avec peu d’intensité parfois, par conséquent, nous ne lui attribuons que peu, ou pas d’intérêt. Cependant, ce grain de sable peut être présent de manière récurrente dans nos vies et se répéter sous des formes différentes, mais avec un fond identique, sans que nous le reconnaissions. Car le plus souvent, nous restons en surface de nous-mêmes, sans motivation réelle pour approfondir les informations que la vie nous offre au quotidien. Ou encore, parce que nous n’avons pas ce réflexe, de regarder à l’intérieur de soi ce qui peut « résonner » dans la situation en question. C’est une forme de dynamique de vie et de remise en question constante, que de s’observer soi-même pour comprendre les rouages de nos comportements. Ainsi nous pouvons avoir du recul et une vision plus claire des différents facteurs en présence dans nos interactions avec notre environnement relationnel ou non. Ce n’est pas une étude mentale et attentionnée de soi-même, mais une autre conscience, un autre cheminement avec soi, qui peut nous ouvrir les portes d’une connexion plus grande et d’une authenticité plus forte.
Ainsi, la conscience de soi me semble incontournable dans cette approche. Elle demande un état d’être plein d’humilité pour pressentir et accepter qui nous sommes vraiment, avec nos facettes positives, mais aussi, avec les zones d’ombre que nous refusons souvent de voir.
Sans connaître le contenu de nos bagages dans ce grand voyage qu’est l’incarnation, le chemin de l’évolution ne peut débuter. Car nous ne pouvons réellement évoluer si nous ne savons pas quels sont nos points forts et essentiellement, nos points faibles. Et bien sûr, ce constat doit se faire sans jugement ni critique, mais simplement en accueillant ce qui est en nous.
L’acceptation est une étape importante, car nous ne pouvons cheminer en rejetant ce que nous n’aimons pas en nous, ou ce qui est trop dérangeant. Toutes les parties de nous composent la globalité de notre être et notre unité ne saurait être divisée. Ce serait comme si nous ne voulions plus de notre pied droit : c’est juste impossible !!! C’est tout un processus exigeant que de dire « OUI » à ce qui est là, lever le voile sur nos zones sombres, sur tout ce qui n’est pas forcément très reluisant en nous. S’avouer que nous avons parfois trop d’égo, ou que nous n’avons pas su dire la vérité en se cachant derrière » je vais le blesser », ou « ce n’est pas le moment »…, ou encore que nous avons manipulé l’autre…etc….En somme, c’est une ouverture vers une sincérité envers soi la plus authentique possible, afin d’ouvrir les portes à une communication profonde et véritable, non seulement avec soi-même mais aussi avec les autres.
Faites-vous ce cadeau de rassembler tout ce que vous êtes, en conscience, de reconnaître avec force et courage ce qu’il y a de plus vil en vous, mais sans oublier toutes vos qualités qui font aussi partie du voyage…sans cette vérité absolue, la route qui se proposerait à vous s’en trouverait détournée d’emblée de son objectif. Beaucoup d’approches spirituelles fondent leurs enseignements sur cette base indispensable à tout développement intérieur, comme le proposent, entre autres, la tradition hindouiste et kabbalistique. C’est un peu à l’image de l’arbre qui ne peut s’épanouir et donner des feuilles, des fleurs et des fruits qu’avec une terre riche et belle. Cette terre, c’est notre vérité avec nous-mêmes. Et plus cette terre sera authentique, plus elle pourra nourrir cet arbre en qualité et en quantité et plus son épanouissement sera grand.
Cette sincérité envers soi, est bien la condition sine qua none à une évolution véritable et solide.
Pour voir et reconnaître ce que nous sommes, il faut aller au-delà du voile des apparences, et en quelque sorte, ne plus subir les circonstances de la vie, mais retrouver la pleine conscience de ce qui se joue derrière notre théâtre quotidien. C’est un peu comme faire un pas en arrière symboliquement ou même réellement, regarder toutes les pièces du puzzle qui viennent créer la réalité de la situation, et sentir tout ce qui est mobilisé en soi. Par ailleurs, aller au-delà des apparences demande un détachement vis à vis de la scène et des acteurs, une sorte de neutralité émotionnelle, sans laquelle notre vision ne serait que trop subjective.
Une autre étape importante dans cette prise de conscience de soi est de lâcher ce positionnement égotique :
« J’ai raison ! »
Notamment pour toutes les situations qui impliquent d’autres individus, où dans la moindre discussion, les prises de position peuvent être parfois extrêmes et virulentes. Car notre vision du monde est unique et fonction de bon nombre de facteurs individuels, qui nous permettent d’appréhender la vie d’une façon toute particulière. Nous pouvons dire qu’il y a autant de vision du monde que d’individus !!!! C’est pourquoi il est vain de prétendre à un débat rationnel où les individualités défendent férocement leur image. C’est aussi pourquoi, les situations d’opposition sont si fréquentes. En effet, dans nos comportements, les phénomènes de rejet des opinions de l’autre sont liés à nos système limbique et reptilien, car « la différence » est de manière archaïque, potentiellement dangereuse. Alors nous nous opposons aux idées qui ne sont pas similaires aux nôtres, sans accueillir la richesse qu’elles recèlent. Mais en renonçant à défendre nos positions, nous pourrions alors être davantage à l’écoute, offrant alors la possibilité d’un échange et d’une ouverture réels et enrichissants.
Cela invite à beaucoup d’humilité, de capacité de remise en question qui vont conduire à une autre considération de soi, de l’autre, et à l’émergence d’une compréhension plus vaste.
Alors, pour éclairer nos vies davantage, il est nécessaire que notre conscience ne soit plus à l’extérieur de nous-mêmes, mais aussi tournée vers tous nos fonctionnements internes. Tant de procédés se produisent à notre insu, qu’il est vraiment passionnant de se pencher sur notre mécanique intérieure, perception que nous pouvons élargir à toutes les parties de nous-mêmes, d’ailleurs.
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Extrait du livre « Se libérer de nos comportements inconscients »
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