Je rentrai en voiture de mon entrainement sportif  et en passant au village à quelques kilomètres de chez moi, un homme d’une cinquantaine d’années était étendu à terre : faisant son footing, il s’est écroulé juste avant mon arrivée, il est immobile…Je me gare rapidement sur le côté et j’accoure dans sa direction. Mes années d’exercice professionnel en tant qu’infirmière de réanimation me permettent très vite de prendre les choses en main, il est en arrêt cardio-respiratoire, je commence à le masser et à lui faire du bouche-à-bouche. D’autres personnes sont autour de lui, on peut palper l’agitation, le frémissement intérieur de chacun, interpellés par la scène et par tout ce qui se joue en cet instant.

 

Je reste intensément concentrée sur mes gestes, tout mon être happé par l’intensité du moment, mes mains qui enfoncent cette cage thoracique pour atteindre le cœur qui ne bat plus alors que par la pression vigoureuse exercée par mes bras, ultime trait d’union avec sa terrestre existence….

Un moment où le temps et l’espace n’existent plus…juste suspendus, comme en haleine devant l’enjeu, devant le drame…

Sa femme l’attendait pour le souper…il ne reviendra jamais…il est mort sur le trottoir.

Je garde la mémoire de son torse encore tiède sous mes doigts, de sa bouche déjà trop froide…et je me sens touchée profondément, malgré toutes ces années de ma carrière hospitalière où j’ai côtoyé la mort chaque semaine. Une sorte d’interpellation intérieure vers des parties de moi-même intensément mobilisées alors par cette expérience. Un rappel cruel et percutant de ce fil si ténu qui nous tient en vie sur la Terre…tels les pantins d’un spectacle grandeur nature, juste vivants par cette force qui anime nos corps et qui laissera nos dépouilles inanimées quand le glas aura sonné.

Mon esprit chamboulé se livre alors à un état des lieux, un bilan, un questionnement : face à la profondeur de ce qui vient de se jouer, c’est l’agitation superficielle de nos vies qui me saute au visage, la réalité de cette parodie misérable que nous singeons chaque jour.

Inconscient de la teneur véritable de l’existence, nous nous dispersons si bien… loin de l’essentiel, loin de ce qui nous touche, loin de ce que nous sommes vraiment…trop occupés à de futiles chamailleries, des disputes d’adolescents ou des querelles d’égo….notre travail, nos occupations, nos soucis…pour fuir…et fuir encore !

C’est si facile d’oublier cette vie qui coule en nous, c’est si facile de se détourner des autres, de l’amour et finalement de soi. Alors… qu’avons-nous fait de nous-mêmes, de nos rêves, de nos pulsions… ?

Nous nous sommes tellement détournés parfois de la magie de la vie, non pas dans ses manifestations grandioses  mais dans sa présence plus subtile, plus  intime, plus discrète…..dans l’étincelle vivante et vibrante de chaque mot, de chaque geste…pouvons-nous savourer davantage ces trésors dans leur pleine valeur ? Pouvons-nous nous ouvrir encore plus pour voir en chaque moment, en chaque être, la beauté, la grâce… loin de nos rancœurs, de nos jugements et de nos peurs ?
Au-delà de l’agitation de ce monde, nous pouvons être pleinement présents et pleinement là….. dans un sourire, un regard, une étreinte…

Et finalement…Juste un peu plus vivant…

 

Tissia Louis formation en thérapie énergétique et holistique méthode A.T.T.H développement personnel schémas de comportement inconscient chant sacré

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